Les mousses qui prospèrent sous la pluie, le gris des troncs sur les fougères fanées, l’agencement savant des fleurs sauvages dans les prés, les nuées qui grimpent entre les chênes, un scarabée trépassé, un papier froissé…. Tout est source d’inspiration. Les couleurs naissent des sensations et se nourrissent des mélanges. Tout commence par la couleur, celle qui donne le ton, les autres la chargent, l’apaisent, la font chanter. Prise dans l’action le moment d’accord passe, il faut alors raccommoder une nouvelle harmonie acceptable. Parfois l’œil arrête le geste à temps, le tissu vibre et contente.
Peindre : L’élan du corps, la plénitude de l’encre dans le pinceau, la gratitude de la soie, la tolérance des couleurs entre elles. J’aime les soies lourdes, avides de liquide, qui s’enrichissent de plusieurs passages.
La soie a commencé quand j’avais 17 ans au Lycée Technique de Sèvres. Mme Degan, graphiste en son temps, nous enseignait les lettres et le graphisme. J’aimais beaucoup et la matière et la prof, un jour elle nous a initié à la peinture sur soie. Voila, c’est tout, je ne me suis jamais arrêtée.
Les vêtements sont la suite logique de la peinture sur soie. Les combinaisons de textures et de formes s’imposent d’elle même dans des modèles simples sans idée de mode. Je réalise toutes les étapes, patron, couture, bouton, broderie. Toutes les pièces qui sortent de l’atelier sont uniques.
Les dessins témoignent de mon émerveillement pour la gaieté des objets, des plantes, des animaux qui nous entourent. Le crayon, le pinceau, la plume, le regard, tout participe à la jubilation du trait juste, prouvant que tout est beau à sa façon. Les encres de chine sollicitent l’énergie qui a du mal a s’exprimer, comme les haïkus elles libèrent les tensions et se terminent par une pirouette.
Les collages permettent d’exprimer une idée concrète. Les images parlent au mental et montrent de façon plus lisible les humeurs spécifiques comme la colère, les interrogations existentielles, l’humour ou les inconséquences du monde ou nous vivons. Les collages ont une couleur politique.
Barbara Thomas